Ramaillages - documentaire inspirant!

Un ami m’a dit il y a environ un an qu’il est plus facile d’imaginer la fin du monde que la fin du capitalisme. En me prêtant à l’exercice, je ne pouvais que lui donner raison. Considérant que nous, les humains, traversons une période de bouleversements planétaires en matière de dérèglements climatiques intenses, cette réalité est particulièrement saisissante. À ce titre, plusieurs penseurs et militants du milieu écoresponsables adressent un reproche au mouvement écologiste : l’absence de trame narrative offrant des solutions concrètes à la crise climatique. En ne regardant que superficiellement, l’on ne peut qu’être en accord avec elles et eux. En scrutant, on y trouve plusieurs projets et initiatives très inspirants, notamment, le mouvement Colibris (en France, établi par Pierre Rabhi et popularisé par le cinéaste Cyril Dion) et Extinction rebellion (mouvement populaire décentralisé, non-violent et inclusif qui prône la désobéissance civile comme façon d'amener le changement.) 

Plus près de nous, au Québec, le documentariste Moïse Marcoux-Chabot planche présentement sur Ramaillages, série documentaire en six épisodes. Tournée exclusivement en Gaspésie, cette série donne la parole à des artisans du changement qui ont décidé de s’installer en communauté, loin des modes de consommation usuels. Toutes et tous recherchent un mode de vie plus simple et plus humain. Plusieurs d’entre elles et eux contribuent à des initiatives favorisant l’autonomie alimentaire, d'autres ont créé une pépinière, entre autres choses. C'est très inspirant!

Ramaillages fait la part belle à la parole et lui laisse de la place et du temps pour s’épanouir. Les membres de ces communautés nouvelles s'adressent à la caméra simplement et nous offrent un certain regard sur leurs histoires et leurs aspirations du moment. En cette époque où le sens des mots, donc, de la parole, est souvent détourné à des fins politiques ou consuméristes, il est extrêmement rafraîchissant d’avoir accès à des idées partagées en toute simplicité, sans fard et sans désir de convaincre. Ainsi, il est agréable de suivre les membres de ces communautés nouvelles au fil des saisons, de développer envers elles et eux une forme de complicité. 

En matière d’images, on n’est pas dans le bling bling. Je crois qu’on peut affirmer que Ramaillages s’inscrit dans le prolongement des documentaires de Pierre Perrault : Pour la suite du monde et Un pays sans bon sens. Captées en noir et blanc, parfois en caméra à l’épaule, les luxuriantes images nous offrent un regard intime et respectueux de la parole et des gens, et racontent ouvertement le plaisir de la rencontre, les défis et les accomplissements inhérents à la réalisation de plusieurs chantiers et projets. En toile de fond, la Gaspésie se dévoile, majestueuse, au fil des saisons. C’est de toute beauté! 

Cette série documentaire me parait essentielle, car elle offre de manière concrète et incarnée un exemple de pistes humaines à explorer pour la suite du monde… 

Ramaillages sera disponible sur le site de l’ONF à l’hiver 2020 

PS J’ai le plaisir d’écrire la trame sonore de cette série documentaire.